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Le trauma-bonding: relation Maître-objet dans le cadre du contrôle mental

Il a été établi que certaines conditions étaient nécessaires afin qu'un trauma bonding se développe. Le trauma bonding est commun dans des situations dans lesquelles la vie de la victime est en jeu et qui évoquent une dépendance extrême.


Déséquilibre de pouvoir sévère


Le déséquilibre de pouvoir entre la victime et le prostitueur entraîne chez celle-ci un sentiment d'impuissance, de vulnérabilité extrême alors qu'elle endure les viols, la torture, et les violences psychologiques, sentiment qui se transforme en terreur envers le prostitueur.


Avec le temps, la victime perd espoir, s'abandonne au prostitueur et accepte toutes ses demandes, jusqu'à ce s'identifier complètement à celui-ci et partager sa vision du monde et sa vision de la victime elle-même. (C'est d'ailleurs ainsi que naissent les alters persécuteurs). C'est ainsi que s'installe une dépendance intense envers l'abuseur. La honte joue un rôle important dans le trauma bonding.


Alternance entre comportement brutal et séducteur


Après que le déséquilibre de pouvoir ait semé les graines d'une dépendance émotionnelle qui agit comme un appât, l'abuseur alterne entre comportement brutal et séducteur afin d'embrouiller la victime et ainsi exercer un contrôle complet sur celle-ci. L'alternance entre punition et récompense, acceptation et humiliation brise les croyances les plus élémentaires de la victime, de sorte qu'elle ne sait plus ce que signifie la bienveillance, l'intimité ou la sécurité. Sa vision du monde est détruite.


Isolation sociale


Les abuseurs empêchent toute relation sociale qui pourrait ancrer la victime, ou l'influencer. Le but est que la victime dépende entièrement sur l'abuseur et sur personne d'autre.


Incapacité à s'enfuir


Une inversion des valeurs opère, et la victime associe un environnement safe, loin de l'abuseur, comme dangereux et la présence de l'abuseur comme un gage de sécurité. Elle a internalisé la vision de l'abuseur et ne peut plus s'en défaire.


*


Mon abuseur était à la fois mon père et mon petit ami, mon protecteur et mon bourreau. Notre relation n'avait rien de défini, afin, je pense, de me déstabiliser complétement. Tour à tour, il était à la fois attentionné et furieux - c'était une colère froide, mécanique. Le plus difficile à expliquer pour moi est la relation de Maître à objet. Je n'étais pas une enfant, j'étais une chose, sa chose. C'est très particulier de ne pas être humain. Je pense que la condition préalable est de détruire toute sorte d'autonomie, jusqu'au point où la victime soit incapable de prendre la moindre décision, que ce soit aller se soulager ou manger (lors de crises, je dois encore demander la permission de manger). En fait on sait qu'on ne vaut absolument rien, que l'on peut perdre en un clin d'œil l'estime de la seule personne qui a le droit de nous accorder de l'attention. Il lui est arrivé de se battre pour moi, de me défendre, et pour ça je l'aimais. On est convaincu que l'abuseur nous fait une fleur en nous traitant presque comme un humain (lorsqu'on obéit comme il veut). L'abuseur nous conditionne à le remercier pour chaque égard de sa part. Mais il peut se mettre en colère pour des broutilles ou des raisons inconnues, ce qui fait qu'on marche constamment sur des œufs, et qu'on se déteste à l'avance, parce que se détester, se punir en anticipant nous rassure.


Source: Sanchez, R., Speck, P., & Patrician, P. (2019). A Concept Analysis of Trauma Coercive Bonding in the Commercial Sexual Exploitation of Children. Journal Of Pediatric Nursing, 46, 48-54. doi: 10.1016/j.pedn.2019.02.030







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